Éducation nationale en crise : pourquoi elle ne séduit plus personne

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La situation de l’Éducation nationale en France pourrait donner des sueurs froides aux plus optimistes. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 26% des postes en mathématiques sont sans preneur, et le déficit est encore plus marqué dans les lettres classiques, où un tiers des postes est resté vacant. On pourrait penser que la planète Mars semble plus attractive pour les futurs enseignants. Pourquoi un tel désintérêt pour ce noble métier, jadis considéré comme une vocation?

À en croire les récentes études et articles, ce n’est pas qu’une question de salaire, bien qu’il faille admettre que commencer une carrière à 20 à 40 % de moins que nos voisins allemands a de quoi refroidir les ardeurs. Le salaire n’est qu’une partie du problème. Il y a aussi l’érosion de la reconnaissance sociale, l’absence d’autorité, et même la sécurité au quotidien qui sont mises en avant. Quand l’enseignant devient une cible facile pour les critiques et qu’une atmosphère de tension permanente règne dans les écoles, on comprend aisément pourquoi plus d’un préfère sortir du circuit.

Certains enseignants, au bord de la saturation, ont déserté en masse. Le fameux « pacte enseignant », présenté en 2023 comme la solution miracle pour enrayer l’hémorragie, a plutôt eu l’effet d’une douche froide. Seulement un quart des enseignants y a adhéré, voyant rapidement derrière ces mesures des charges de travail alourdies sous l’apparence de primes alléchantes. Le tonnerre de critiques qui a suivi a mis en lumière les échecs d’une réforme qui promettait monts et merveilles.

L’autre dragon à affronter est la judiciarisation du système scolaire. J’entends encore un collègue me raconter une anecdote poignante : un mot ferme sur une copie d’élève tournant rapidement en convocation avec la direction, suivie d’une menace de plainte des parents. Des enseignants cèdent ainsi à l’autocensure, appréhendant le moindre regard croisé avec un élève turbulent. Ce climat d’insécurité contribue indéniablement à l’inconfort professionnel et à la désaffection pour le métier.

Et il faut dire que les salles de classe ressemblent souvent à des chaudrons bouillonnants, avec des élèves en surnombre qui peinent à suivre le rythme. Les pédagogues se retrouvent souvent face à une hétérogénéité extrême de niveaux et de motivations. Une amie, professeure depuis deux décennies, me disait récemment: « Ce n’est pas le nombre de profs qu’il faut augmenter, mais le nombre de classes qu’il faut réduire pour mieux orienter les élèves. »

Vivons-nous dans un système où l’université demeure la seule voie de salut professionnel ? Non, insiste-t-elle. Tout le monde n’aspire pas à devenir ingénieur ou travailler dans une tour de verre. De nombreuses sphères comme l’enseignement technologique et professionnel demandent à être repositionnées sous le feu des projecteurs. Que de jeunes talents se voient proposer des cursus courts et adaptés, potentiellement très valorisants, autant pour l’intéressé que pour la société.

Il est indéniable que l’école ne peut pas tout résoudre — transmission du savoir, maintien de la paix sociale, ou compensation des inégalités. Elle a besoin de soutien solide et sérieux, d’un véritable coup de pouce institutionnel pour redevenir ce phare brillant qu’elle aspire à être. Face aux défis immenses, l’avenir d’une nation bien formée repose sur un équilibre soigné entre exigence et bienveillance.

Alors, nous devrions tous nous demander : sommes-nous prêts à faire de réels efforts pour reconstruire cette infrastructure essentielle? Les enseignants, ces gardiens du savoir, attendent aujourd’hui un engagement sincère et respectueux, allant bien au-delà de simples promesses de pactes. On pourrait se méprendre à croire que ces défis sont insurmontables, mais avec une volonté collective, les écoles françaises peuvent retrouver leur formidable éclat.

Source

https://www.lefigaro.fr/vox/politique/la-faillite-silencieuse-de-notre-education-nationale-pourquoi-plus-personne-ne-veut-entrer-dans-l-arene-20250728/

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