Un séminaire qui fait école
En Guadeloupe, un séminaire organisé du 1er au 5 décembre 2024 par la Direction de Région Académique du Numérique pour l’Éducation (DRANE) a récemment rassemblé un panaché unique d’acteurs du monde éducatif. Intitulé « Intelligences artificielles en éducation : quelles opportunités le numérique, en particulier l’IA, offre-t-elle pour l’éducation en Guadeloupe ? », cet événement a été conçu pour rapprocher élèves, enseignants, directeurs d’établissements et universitaires. Une initiative inédite, à contre-courant des cloisonnements habituels, qui a permis de poser des questions critiques sur l’intégration de l’IA dans les écoles.
Les jeunes au cœur du débat
Pour la première fois, les élèves étaient invités à assister aux conférences et à participer aux discussions. Imaginons une salle remplie de jeunes rêveurs et d’enseignants pragmatiques, débattant de sujets aussi divers que l’éthique de l’IA ou les craintes de plagiat numérique. Andréa, une lycéenne curieuse, a même proposé que les outils d’IA soient utilisés pour personnaliser l’apprentissage en fonction des forces et faiblesses de chaque élève. Rarement voit-on dans l’Hexagone un tel melting-pot d’idées où chacun, jeune ou moins jeune, est à la fois maître et élève.
Une transversalité au-delà des simples disciplines
Entre ces murs, Erwan Peitel, inspecteur général de France, n’a pas manqué d’interpeller son auditoire sur quatre grands axes. Primordial pour lui est de reconnaître que l’IA doit s’étendre au-delà des matières traditionnelles. Les mathématiques et l’informatique, bien entendu, mais quid de l’histoire ou des langues ? Ces disciplines, soutenait-il, peuvent tirer profit de l’IA pour enrichir l’interprétation des données ou affiner l’esprit critique. Une idée rafraîchissante qui bouscule le carcan institutionnel où chaque matière reste confinée dans son silo.
Changement de paradigme : baliser sans enfermer
L’inspecteur Peitel n’a pas hésité à aborder les peurs latentes. Comment concilier les avancées de l’IA avec le besoin légitime des écoles de disposer de règles stables ? Son conseil : adopter des cadres souples qui offrent un espace de liberté aux enseignants pour contextualiser les outils selon les besoins locaux, tout en évitant les carcans rigides qui étoufferaient l’innovation. Cette approche perméable a trouvé écho dans le récent guide du ministère de l’Éducation du Québec, favorisant un usage réfléchi des IA.
Nouvelle définition des attentes envers les élèves
Dans notre école du futur, que doit-on attendre de nos élèves lorsque l’IA réalise les tâches les plus triviales ? Et pourquoi s’en tenir aux devoirs traditionnels ? L’idée n’est pas de supprimer, mais de réinventer. Peitel propose que les cours soient plutôt un lieu de consolidation et d’interaction, favorisant le dialogue et le suivi personnel, plutôt qu’une simple restitution de connaissance.
Redéfinir la valeur de l’école à l’ère de l’IA
Peut-être l’aspect le plus poignant du séminaire fut le questionnement sur la véritable valeur ajoutée de l’école dans une époque où « Google tient lieu de mémoire vivante ». Il ne s’agit plus seulement d’apprendre des faits, mais de cultiver l’empathie, la collaboration et la résilience. Des compétences humaines que ni algorithme ni technologie ne peuvent remplacer.
Finalement, ce séminaire nous invite à une réflexion profonde. En ce moment charnière, écoles et enseignants doivent emprunter la voie du numérique tout en conservant l’humain au centre de leurs préoccupations. Comme une partition nécessitant un maestro, l’éducation et l’IA ne doivent pas être des solistes mais des partenaires dans un concerto harmonieux.