Comment comptait-on les années avant JC ?
Dans une époque où chaque civilisation avait sa propre manière de marquer le passage du temps, compter les années avant la naissance de Jésus-Christ relevait de méthodes multiples et variées. On peut difficilement imaginer notre calendrier sans l’ère « après Jésus-Christ » introduite par le moine Denys le Petit au VIe siècle, mais avant cela, comment nos ancêtres délimitaient-ils le temps ? C’est une question qui résonne encore dans l’étude de l’histoire, révélant des modes de pensée et des priorités bien différentes de celles d’aujourd’hui.
Origine du système Anno Domini et son adoption progressive
Le système de datation Anno Domini (AD) fut une innovation historique. En 525, le moine chrétien Denys le Petit proposa un système où le point de départ était la naissance de Jésus-Christ, qu’il estima en l’an 753 après la fondation de Rome (calendrier julien). Toutefois, ce n’est que plus tard, grâce au travail de Bède le Vénérable au VIIIe siècle, que ce système s’implanta réellement en Europe et dans le monde chrétien, devenant le pilier des calendriers occidentaux.
Les méthodes de datation avant Jésus-Christ
Avant l’avènement du système Anno Domini, les civilisations utilisaient des repères bien différents. Les systèmes de datation variaient selon les empires, la culture et les besoins spécifiques de chaque époque. De l’Égypte ancienne à l’Empire romain, chaque civilisation inventait son propre système pour enregistrer l’histoire. Ces méthodes allaient du décompte des règnes royaux aux événements majeurs, comme la fondation de Rome.
Datation par les règnes des souverains
L’une des méthodes de datation les plus répandues consistait à se référer aux règnes des souverains en place. Chaque changement de monarque ou d’empereur marquait une nouvelle ère et fournissait un repère chronologique précis. Les archives comptaient ainsi les années depuis l’accession au pouvoir d’un roi. Par exemple, en Égypte ancienne, les historiens dataient souvent les événements par des expressions comme « la troisième année du règne de Ramsès II ».
Exemple de la datation en Égypte ancienne
L’Égypte ancienne illustre parfaitement ce système. Les pharaons étant considérés comme des dieux vivants, leur règne était un repère fondamental. On retrouve de nombreux textes où des événements sont datés en fonction des années de règne de pharaons. Ce système avait l’avantage de s’adapter rapidement aux successions royales, mais il manquait d’un point de référence commun avec d’autres cultures.
Les Romains et l’ère ab urbe condita (AUC)
À Rome, on utilisait l’ère ab urbe condita (AUC), qui signifie « depuis la fondation de la ville ». Selon la tradition romaine, Rome aurait été fondée en 753 avant notre ère. Ce système permettait de compter les années à partir d’un événement marquant et partagé, rendant les annales romaines plus universelles dans leur repérage temporel.
Exemple d’usage de l’ère AUC dans l’histoire romaine
L’ère AUC permit aux Romains de structurer le passé autour de l’histoire de leur cité. Les grands événements de la République romaine et plus tard de l’Empire furent ainsi inscrits dans les annales. Par exemple, le célèbre incendie de Rome par Néron est daté de l’an 817 AUC, facilitant l’étude historique des faits marquants de l’Empire.
Le rôle des consuls dans la datation romaine
Outre l’ère AUC, les Romains utilisaient les noms des consuls pour dater les événements. Chaque année, deux consuls étaient nommés, et celle-ci était connue sous le nom de « l’année du consulat de… ». Cela permettait de dater précisément chaque année sans se référer à un simple chiffre. L’année de la conspiration de Catilina, par exemple, est datée de l’année du consulat de Cicéron et de Gaius Antonius.
L’ère de Dioclétien et son importance pour les premiers chrétiens
En 284, l’empereur Dioclétien instaura une ère qui porta son nom. Pendant les premiers siècles de l’ère chrétienne, certains chrétiens adoptèrent cette ère de Dioclétien pour dater leurs propres écrits et événements. Ce système resta utilisé dans certaines régions, même après l’implantation de l’ère chrétienne, notamment par les chrétiens coptes d’Égypte.
Les ères dans le monde hellénistique : Alexandre et l’ère séleucide
Dans le monde grec, une autre ère importante fut celle d’Alexandre le Grand, roi de Macédoine. Sa conquête rapide de vastes territoires le fit devenir un point de référence. À sa mort, ses généraux fondèrent des royaumes et instaurèrent l’ère séleucide en 312 avant notre ère. L’ère séleucide devint un système de datation majeur au Moyen-Orient, marquant la fondation de l’Empire séleucide.
Adaptation de la datation par différentes cultures et empires
Chaque culture adapta les systèmes de datation selon ses propres priorités. Les dynasties chinoises, par exemple, comptaient les années selon les règnes impériaux, similaires au modèle égyptien. D’autres civilisations, comme les Mésopotamiens, datèrent les années selon des événements naturels ou religieux importants. Ces systèmes montrent l’importance de l’identité culturelle dans la mesure du temps.
Transition vers l’ère chrétienne au Moyen Âge
L’ère chrétienne ne s’implanta véritablement en Europe qu’au Moyen Âge. Le système Anno Domini gagna en popularité sous l’influence de Bède le Vénérable, dont les écrits historiques furent largement diffusés. À mesure que l’Église étendait son influence, elle facilita l’adoption d’un système de datation unifié dans les régions chrétiennes d’Europe.
Conclusion : diversité des systèmes de datation avant l’unification chrétienne
Loin d’être unifiée, la datation des événements anciens reflète la diversité des civilisations. Des règnes royaux à l’ère de Dioclétien, chaque système témoigne de priorités uniques et de visions culturelles diverses. Le passage à un système unique, centré sur la naissance de Jésus-Christ, marque une étape de l’histoire où les échanges et l’influence croissante de l’Église ont rendu possible une telle unification.
FAQ sur les systèmes de datation avant Jésus-Christ
Comment les Égyptiens comptaient-ils les années ?
Les Égyptiens utilisaient le règne des pharaons pour dater les événements, par exemple « la troisième année du règne de Ramsès II ».
Pourquoi les Romains ont-ils fondé leur calendrier sur l’année AUC ?
L’année AUC permettait aux Romains de marquer le temps à partir de la fondation de Rome, un événement symbolique unifiant pour leur civilisation.
Qu’est-ce que l’ère de Dioclétien ?
L’ère de Dioclétien, débutant en 284 ap. J.-C., servit de référence pour les chrétiens coptes et fut utilisée dans certaines régions même après l’adoption de l’ère chrétienne.
Quelle est la différence entre l’ère d’Alexandre et l’ère séleucide ?
L’ère d’Alexandre est une référence à l’accession au trône d’Alexandre le Grand en 336 av. J.-C., tandis que l’ère séleucide commence en 312 av. J.-C., date de la fondation de l’Empire séleucide.
Pourquoi l’ère chrétienne a-t-elle mis du temps à s’imposer ?
Le système Anno Domini a été introduit au VIᵉ siècle mais ne s’est répandu que lentement, grâce à l’influence de l’Église et aux écrits de Bède le Vénérable au VIIIe siècle.
Comment dater un événement en utilisant les consuls romains ?
Chaque année romaine était marquée par les deux consuls en exercice. Onpouvait ainsi dire : « l’année du consulat de Cicéron et d’Antoine », ce qui permettait de situer l’année de manière précise sans avoir besoin d’une numérotation continue comme dans les calendriers modernes.