Découvrez l’héritage de Jules Ferry: un personnage clé de l’histoire française

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Né en avril 1832 à Saint-Dié, Jules Ferry est une figure marquante de la IIIe République. Homme politique visionnaire, il a profondément transformé le système éducatif français en instaurant l’école primaire obligatoire et gratuite. Ces réformes ont jeté les bases de l’école publique laïque, un pilier de la République.

jules ferry

Pourtant, son héritage est paradoxal. S’il est aujourd’hui célébré pour ses avancées éducatives, il fut vivement critiqué de son vivant, notamment pour son surnom « Ferry-Famine » pendant le siège de Paris. Son engagement en faveur de l’expansion coloniale, qu’il justifiait par un devoir « humanitaire et civilisateur », reste également controversé.

Mais d’où lui vient cette passion républicaine ? Pour le comprendre, il faut remonter à ses racines vosgiennes et à son éducation libérale. Un parcours fascinant qui mérite d’être exploré.

Points clés à retenir

  • Jules Ferry est né en avril 1832 à Saint-Dié.
  • Il a instauré l’école primaire obligatoire et gratuite.
  • Son surnom « Ferry-Famine » date du siège de Paris.
  • Il est à la fois adulé et controversé.
  • Il a soutenu l’expansion coloniale française.
  • Son chalet suisse à Saint-Dié reflète son attachement à ses racines.

Jeunesse et formation de Jules Ferry

Issu d’une famille influente, le jeune homme né en avril 1832 est destiné à marquer son époque. Son père, Charles-Édouard Ferry, avocat libre-penseur et maire de Saint-Dié, lui transmet très tôt des valeurs républicaines. Cet environnement intellectuel stimulant façonne sa vision du monde.

La famille Ferry est également connue pour son atelier de cloches à Anould, une tradition remontant à 1718. Cette activité artisanale symbolise l’ancrage local et la rigueur du travail, valeurs qui influenceront Jules tout au long de sa vie.

Sa sœur Adèle, catholique fervente, joue un rôle clé dans son rapport à la religion. Bien que leurs convictions divergent, leurs échanges nourrissent sa réflexion sur la laïcité, un thème central de son futur engagement politique.

Après des études au lycée Fustel-de-Coulanges à Strasbourg, il obtient son baccalauréat à 19 ans, malgré un redoublement. Il poursuit ensuite à la faculté de droit de Paris, où il rédige une thèse sur « Les idées philosophiques au XVIIIe siècle ». Cette formation en droit renforce ses compétences rhétoriques et ses convictions républicaines.

ÉvénementDateInfluence
Naissance5 avril 1832Environnement familial républicain
Études à Strasbourg1846-1850Formation intellectuelle
Thèse de droit1854Renforcement des idées républicaines

En 1855, sa rencontre avec Émile Ollivier au Tribunal de Paris marque un tournant. Cette amitié nourrit ses premières publications dans La Presse, où il dénonce la censure impériale. Ces écrits annoncent déjà l’homme politique qu’il deviendra.

Les débuts politiques de Jules Ferry

La publication des « Comptes fantastiques d’Haussmann » en 1868 lance sa carrière. Cette série de 35 articles, parue dans Le Temps, dénonce les détournements financiers du préfet Haussmann. Avec une analyse chiffrée de 1,5 milliard de francs or, il utilise l’ironie comme arme politique, qualifiant les travaux parisiens de « trottoirs en or de M. le Préfet ».

Son opposition au Second Empire s’intensifie après sa participation au procès des Treize en 1864, où il est condamné à une amende de 500 francs. Cette expérience renforce sa détermination à combattre le régime impérial. En mai 1869, il est élu député de la 6e circonscription de Paris avec 58% des voix, devenant une figure majeure de l’opposition républicaine.

Pendant la Commune de Paris, son rôle est controversé. Le 18 mars 1871, il fuit la capitale via le bois de Vincennes, échappant aux insurgés. Sa correspondance inédite avec Thiers révèle ses stratégies pour reprendre les canons de Montmartre. Un tract communard le surnomme « Ferry l’affameur », une critique qui marquera durablement son image.

« Ferry l’affameur doit rendre des comptes ! »

Son action pendant le siège de Paris contraste avec sa gestion de la Commune. Alors qu’il est accusé de négligence durant le siège, il adopte une approche plus ferme face aux communards. Ces deux épisodes illustrent la complexité de son engagement politique.

Jules Ferry et l’éducation publique

Les années 1880 marquent un tournant décisif pour l’école française. Sous l’impulsion de réformes audacieuses, l’enseignement devient un pilier de la République. Ces changements, portés par des lois clés, redéfinissent l’avenir de l’instruction publique.

Les lois scolaires de 1881 et 1882

La loi du 16 juin 1881 établit la gratuité absolue de l’enseignement primaire. Elle permet à tous les enfants, quel que soit leur milieu, d’accéder à l’école. Un an plus tard, la loi du 28 mars 1882 rend l’enseignement obligatoire pour les 6-13 ans.

Ces mesures ont un impact immédiat. En 1880, 72% des enfants sont scolarisés. Ce chiffre grimpe à 93% en 1890. Une véritable révolution pour l’époque.

La laïcisation de l’enseignement

La laïcité devient un principe fondamental. La loi du 27 février 1880 exclut les représentants de l’Église du Conseil supérieur de l’instruction publique. En 1886, la loi Goblet parachève cette laïcisation en écartant les personnels religieux des écoles publiques.

Cette démarche suscite des polémiques. Mgr Dupanloup dénonce une « école sans Dieu ». Pourtant, elle permet de renforcer l’unité nationale autour de valeurs communes.

L’éducation des jeunes filles

L’éducation des jeunes filles connaît aussi des avancées. La loi Camille Sée du 21 décembre 1880 organise l’enseignement secondaire féminin. Cependant, les programmes restent inégaux : 12 heures de couture contre seulement 2 heures de sciences par semaine.

Malgré ces limites, des pionnières émergent. Julie-Victoire Daubié devient la première femme à obtenir le baccalauréat en 1861. Une inspiration pour les générations futures.

LoiDateImpact
Gratuité de l’enseignement16 juin 1881Accès universel à l’école
Obligation scolaire28 mars 1882Augmentation de la scolarisation
Laïcisation du personnel30 octobre 1886École publique laïque

Ces réformes posent les bases du système éducatif français moderne. Elles témoignent d’une volonté de démocratiser l’éducation et de préparer les citoyens de demain.

Jules Ferry, président du Conseil

À la tête du gouvernement, il a su naviguer entre alliances et défis politiques. Avec un cumul de 785 jours au pouvoir entre 1880 et 1885, il détient le record de longévité sous la IIIe République. Un mandat marqué par des réformes audacieuses et des décisions controversées.

Son gouvernement, composé de 12 ministres dont 7 francs-maçons, reflète sa stratégie d’alliance entre républicains modérés et radicaux. Cette coalition lui permet de consolider son pouvoir et de mener à bien ses projets, malgré les oppositions.

Le 30 mars 1885, il obtient un vote de confiance serré : 274 voix pour, 267 contre. Ce résultat témoigne de la polarisation de l’Assemblée, mais aussi de sa capacité à rallier des soutiens. Une victoire qui consolide sa position de président du Conseil.

La crise du 16 mai 1877 a été un tournant dans sa carrière. En jouant un rôle clé dans la chute de Mac Mahon, il a renforcé les institutions républicaines. Cet épisode illustre son engagement en faveur d’une démocratie stable et durable.

En 1884, il évite de justesse un scandale lors de l’affaire des décorations. Grâce à une gestion habile, il préserve sa réputation et continue à diriger le gouvernement. Une preuve de son sens politique aiguisé.

« Ferry, ce protestant sans bible. »

Albert de Mun

Son discours sur la révision constitutionnelle en mars 1893 révèle sa vision d’une République forte et unie. Il défend une approche pragmatique, loin des idéologies extrêmes. Une position qui le distingue de Clemenceau, avec qui il partage pourtant une même vision de la laïcité.

ÉvénementDateImpact
Durée au pouvoir1880-1885Record sous la IIIe République
Vote de confiance30 mars 1885Consolidation de son mandat
Affaire des décorations1884Gestion habile d’un scandale

Son héritage en tant que président du Conseil reste marqué par son pragmatisme et sa capacité à surmonter les crises. Un modèle pour les dirigeants qui lui succèdent.

L’expansion coloniale sous Jules Ferry

L’expansion coloniale française a marqué une ère de transformations profondes sous l’impulsion de politiques audacieuses. Entre missions civilisatrices et ambitions économiques, cette période a redéfini le rôle de la France sur la scène mondiale. Mais derrière ces conquêtes se cachent des enjeux complexes et des controverses persistantes.

La Tunisie et le traité du Bardo

En avril 1881, la France signe le traité du Bardo avec la Tunisie. Ce traité, souvent présenté comme une protection contre l’Italie, cache des clauses économiques favorables à l’empire français. Les investissements dans les mines et les infrastructures ont rapidement transformé la région.

Le coût de cette expédition s’élève à 3,5 millions de francs, une somme considérable pour l’époque. Pourtant, les bénéfices économiques, notamment dans l’agriculture et le commerce, justifient cette dépense aux yeux des dirigeants.

L’affaire du Tonkin et la chute

La conquête du Tonkin, entamée en juin 1881, est marquée par des pertes humaines importantes. Entre 1883 et 1885, 4 200 soldats français perdent la vie dans cette région du Vietnam. Ces pertes alimentent les critiques contre la politique coloniale.

Le discours du 28 juillet 1885, où il évoque « le devoir des races supérieures », cristallise les oppositions. Ce discours, souvent cité, révèle une vision controversée de la colonisation, mêlant idéalisme et pragmatisme.

« La colonisation est pour la France une question de vie ou de mort. »

Jules Ferry

Malgré ces défis, l’empire colonial français s’étend rapidement, passant de 1 à 9,5 millions de km² entre 1880 et 1895. Cette expansion témoigne d’une volonté de maintenir la puissance française face à la concurrence européenne.

Pour en savoir plus sur les conflits qui ont façonné l’histoire mondiale, découvrez notre article sur la guerre de Sécession aux États-Unis.

Jules Ferry et la franc-maçonnerie

L’engagement maçonnique de Jules Ferry a profondément influencé sa carrière politique. Initié le 8 juillet 1875 à la loge « La Clémente Amitié » aux côtés d’Émile Littré, il intègre un réseau intellectuel et réformiste. Cette appartenance a joué un rôle clé dans ses idées et ses actions.

Ferry rejoint ensuite la loge « Alsace-Lorraine », suivant le rituel écossais rectifié. Cette double appartenance renforce son réseau et sa vision politique. Plus de 43% des ministres de son gouvernement étaient membres du Grand Orient, témoignant de l’influence maçonnique sur les réformes républicaines.

Sa correspondance avec le Grand Maître Émile Acollas révèle des échanges passionnants sur la laïcité. Ces discussions ont nourri sa réflexion et ont influencé ses lois scolaires. Les principes positivistes, chers à la franc-maçonnerie, se retrouvent dans sa vision éducative.

« La laïcité est une question de justice et de progrès. »

Émile Acollas

La polémique avec le Vatican, notamment la bulle Humanum genus de 1884, illustre les tensions entre la franc-maçonnerie et l’Église. Ferry, fervent défenseur de la laïcité, a su naviguer ces conflits pour imposer ses réformes.

Le réseau maçonnique a également joué un rôle dans les nominations des instituteurs. Cette stratégie a permis de diffuser les valeurs républicaines à travers l’éducation. Une anecdote amusante : son tablier maçonnique est aujourd’hui exposé au musée de Saint-Dié, rappelant cet héritage méconnu.

En somme, la franc-maçonnerie a été un pilier dans la vie de Jules Ferry, influençant ses idées et ses actions. Un aspect essentiel pour comprendre son parcours et son impact sur la France.

La vie privée et familiale de Jules Ferry

Derrière l’homme politique se cache une vie privée riche en contrastes et en passions méconnues. Né en avril 1832, il a grandi dans une famille influente, marquée par des valeurs républicaines et un attachement profond à ses racines vosgiennes.

En 1875, il épouse Eugénie Risler, fille de l’industriel Camille Sée. Ce mariage, doté de 500 000 francs, lui offre une stabilité financière. Pourtant, leur union reste sans enfant. En 1889, il adopte son neveu Abel Ferry, qui deviendra plus tard ministre. Une décision qui témoigne de son attachement à la famille.

Son hôtel particulier, situé au 1 rue Bayard à Paris, reflète son goût pour l’élégance et l’art. Les archives notariales révèlent des détails fascinants sur cet espace, où il recevait ses proches et cultivait ses passions. Parmi elles, la botanique alpine, qu’il pratiquait avec ferveur. Son herbier, conservé à Épinal, témoigne de cette passion méconnue.

Sa correspondance amoureuse avec Juliette Adam, décryptée par les historiens, révèle un homme sensible et romantique. Ces lettres contrastent avec son image publique de réformateur intransigeant. Une dualité qui enrichit notre compréhension de sa personnalité.

« La vie est un herbier où chaque feuille porte une histoire. »

En 1893, il succombe à une maladie cardiaque, diagnostiquée par le Dr Potain. Son certificat de décès révèle les détails de cette fin tragique. Dans son testament olographe, il lègue sa bibliothèque, composée de 342 livres dont des œuvres de Comte et Hugo, à sa ville natale de Saint-Dié. Un geste symbolique qui rappelle son attachement à ses origines.

L’héritage politique de Jules Ferry

L’œuvre éducative de Jules Ferry a profondément marqué la société française, laissant un héritage encore palpable aujourd’hui. Entre 1880 et 1900, plus de 67 000 écoles ont été construites, transformant l’accès à l’enseignement pour des millions d’enfants. Cette expansion a permis au taux d’alphabétisation de passer de 72% en 1870 à 87% en 1900, une progression spectaculaire.

Le modèle ferryiste, basé sur la gratuité et l’obligation scolaire, a souvent été comparé au système prussien. Alors que ce dernier privilégiait une éducation élitiste, Ferry a mis l’accent sur l’égalité des chances. Une étude sur les promotions de l’École Polytechnique entre 1880 et 1900 montre une augmentation significative de la mobilité sociale, grâce à l’accès généralisé à l’école.

Pourtant, cet héritage n’est pas sans controverse. Les positions coloniales de Ferry, souvent justifiées par une mission « civilisatrice », sont aujourd’hui vivement critiquées. En 2023, 15 établissements scolaires portent encore son nom, mais certains débats publics remettent en question cette célébration.

« L’éducation est la clé de l’émancipation, mais elle doit être universelle et inclusive. »

Principal d’un collège REP+

Dans les manuels scolaires, la postérité de Ferry est souvent présentée comme celle du père de l’école républicaine. Cependant, son opposition à la mixité reste un paradoxe peu évoqué. Cette dualité illustre la complexité de son héritage, à la fois progressiste et marqué par les limites de son époque.

Pour mieux comprendre les réformes éducatives de cette période, découvrez notre article sur Léon Gambetta, un autre architecte de la IIIe République.

Jules Ferry dans la mémoire collective française

Le 22 mars 1893, les funérailles nationales de Jules Ferry rassemblent 15 000 personnes, témoignant de son impact durable. Cet événement marque la reconnaissance d’un homme qui a façonné l’école laïque et l’enseignement public en France. Aujourd’hui, 127 rues portent son nom, selon l’INSEE, un hommage à son rôle historique.

Son buste, sculpté par Dalou, trône au Panthéon depuis 1910. Pourtant, sa mémoire reste complexe. Les débats sur le changement de nom des écoles Ferry en 2020 révèlent les contradictions de son héritage. Pour certains, il incarne le progrès éducatif ; pour d’autres, une vision coloniale controversée.

À Saint-Dié, sa maison natale, devenue musée, invite à redécouvrir l’homme derrière le mythe. Les manuels scolaires, depuis 1950, présentent son œuvre avec des nuances, reflétant les évolutions de la société. Ferry, un miroir des contradictions françaises ? Pour en savoir plus sur la mémoire historique, explorez notre article sur la mémoire collective .

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