Au début du XXᵉ siècle, la Russie tsariste est un empire en crise. Dans ce contexte, Vladimir Lénine adapte les théories marxistes pour créer une idéologie révolutionnaire : le léninisme. Mais en quoi cette pensée diffère-t-elle du communisme classique ?
Contrairement à Marx qui imaginait une révolution spontanée des ouvriers, Lénine croit en l’action d’un parti d’avant-garde. Pour lui, seuls des révolutionnaires professionnels peuvent guider les masses vers le socialisme. Une idée qui prend forme lors des révolutions de 1917.
Cet article explore comment le léninisme a transformé la théorie marxiste. Nous verrons aussi pourquoi ce système, malgré ses idéaux égalitaires, a souvent mené à des régimes autoritaires. Prêt à démêler le vrai du faux ?
Points clés à retenir
- Le léninisme adapte le marxisme aux réalités russes
- Importance du parti révolutionnaire comme guide
- 1917 : année charnière pour le communisme mondial
- Différences clés avec la pensée marxiste classique
- Paradoxe entre idéaux et pratiques du pouvoir
Les origines du léninisme
Le léninisme trouve ses racines dans une époque de profonds bouleversements sociaux et politiques. Inspiré par les théories de Karl Marx et Friedrich Engels, Lénine a adapté leurs idées pour répondre aux défis spécifiques de la Russie tsariste.
L’influence de Marx et Engels
Le marxisme a servi de fondement théorique au léninisme. Lénine, lors de son exil en Sibérie, a traduit « Le Capital » de Marx, approfondissant ainsi sa compréhension des mécanismes économiques et sociaux. Cette pensée révolutionnaire a guidé sa vision d’une société sans classes.
L’adaptation au contexte russe
La Russie de la fin du XIXᵉ siècle était majoritairement paysanne, avec seulement 3% de classe ouvrière industrielle. Face à cette réalité, Lénine a rejeté l’idée d’une révolution spontanée. Il a prôné une lutte organisée, menée par un parti d’avant-garde composé d’intellectuels révolutionnaires.
Dans son pamphlet « Que faire ? » (1902), Lénine développe le concept de « conscience de classe importée ». Il affirme que les masses ne peuvent accéder à une conscience révolutionnaire sans l’intervention d’un groupe éclairé. Cette idée a profondément marqué le contexte politique russe et a jeté les bases du léninisme.
Les théories clés du léninisme
Au cœur du léninisme se trouvent des concepts révolutionnaires clés. Ces idées ont guidé la lutte pour le socialisme et façonné la structure du parti bolchevik. Voyons comment ces théories ont été mises en pratique.
Le rôle du parti révolutionnaire
Pour Lénine, le parti était l’élément central de la révolution. Il le comparait à un « état-major révolutionnaire », capable de guider les masses vers la victoire. En 1905, le POSDR comptait 5 000 membres. En 1917, ce nombre atteignait 300 000.
Lénine affirmait :
« Donnez-nous une organisation de révolutionnaires, et nous renverserons la Russie ! »
Cette vision a permis aupartide devenir une force puissante et disciplinée.
La dictature du prolétariat
La dictature du prolétariat était un pilier du léninisme. Elle visait à transférer le pouvoir des mains de la bourgeoisie à celles des travailleurs. Un exemple concret fut la dissolution de l’Assemblée constituante en janvier 1918.
Cette idée contrastait avec la dictature bourgeoise, où le pouvoir restait concentré entre les mains d’une élite. Pour Lénine, seule la classe ouvrière pouvait garantir une société juste.
Le centralisme démocratique
Le centralisme démocratique était un mécanisme clé. Il permettait des débats libres au sein du parti, mais une fois les décisions prises, tous devaient les appliquer sans réserve. Ce système ressemblait à une hiérarchie militaire.
Ce paradoxe entre démocratie interne restreinte et projet émancipateur a suscité de nombreuses critiques. Pour en savoir plus sur cette conception léniniste du parti, explorez notre analyse approfondie.
Concept | Description | Exemple |
---|---|---|
Parti révolutionnaire | État-major guidant les masses | Croissance du POSDR de 5 000 à 300 000 membres |
Dictature du prolétariat | Transfert du pouvoir aux travailleurs | Dissolution de l’Assemblée constituante en 1918 |
Centralisme démocratique | Débats libres, exécution unie | Comparaison avec les structures militaires |
Lénine et la révolution russe
La révolution russe de 1917 marque un tournant décisif dans l’histoire du pays. Cette période tumultueuse voit l’effondrement du régime tsariste et l’émergence d’un nouvel ordre politique. Lénine et les bolcheviks jouent un rôle central dans ces événements, guidés par une vision claire du pouvoir et de l’état.
La prise du pouvoir en 1917
Le 25 octobre 1917 (7 novembre selon le calendrier grégorien), Lénine et les bolcheviks lancent l’insurrection qui renverse le gouvernement provisoire. Le Comité militaire révolutionnaire, dirigé par Trotski, coordonne les opérations avec une précision militaire. Cette prise de pouvoir est le résultat d’une stratégie bien orchestrée, inspirée par les Thèses d’avril de Lénine.
Dans ces thèses, Lénine appelle à transférer tout le pouvoir aux Soviets, rejetant toute collaboration avec le gouvernement provisoire. Cette position radicale permet aux bolcheviks de gagner le soutien des masses ouvrières et paysannes.
La création de l’État soviétique
Après la prise du pouvoir, Lénine et ses partisans mettent en place les premières mesures symboliques. Le décret sur la paix propose une sortie immédiate de la guerre, tandis que le décret sur la terre redistribue 150 millions d’hectares aux paysans. Ces mesures renforcent la légitimité du nouveau régime.
En décembre 1917, la Tchéka est créée pour réprimer l’opposition. Cette police politique devient un outil essentiel pour consolider l’état soviétique. Cependant, cette période est aussi marquée par des contradictions entre les idéaux initiaux et les réalités du pouvoir. Par exemple, l’interdiction des autres partis en 1921 montre une dérive autoritaire.
Lénine lui-même reconnaît ces tensions, déclarant :
« Il faut savoir reculer. »
Cette phrase, prononcée lors de la mise en place de la Nouvelle Politique Économique (NEP), illustre le pragmatisme de Lénine face aux défis de l’époque.
Le léninisme en pratique
Après la révolution de 1917, Lénine a dû adapter ses idées à la réalité économique dévastée. La production industrielle était tombée à 13% de son niveau d’avant-guerre en 1921. Face à cette crise, il a lancé des réformes audacieuses pour relancer l’économie et consolider le pouvoir de l’état.
La Nouvelle Politique Économique (NEP)
Introduite en 1921, la NEP marque un tournant dans la politique économique soviétique. Elle autorise un retour partiel au marché, avec 75% des détaillants privés en 1923 contre seulement 5% en 1918. Cette mesure, bien que capitaliste, visait à construire le socialisme.
Le paradoxe de la NEP a engendré des inégalités croissantes. Les « nepmen », des entrepreneurs privés, ont prospéré, créant des tensions sociales. Malgré cela, la NEP a permis de stabiliser l’économie et de préparer le terrain pour une industrialisation future.
La lutte contre la bureaucratie
Lénine était préoccupé par le « cancer bureaucratique » qui menaçait l’état soviétique. Dans une lettre à Molotov en 1922, il a appelé à des mesures radicales pour combattre ce fléau. La création de l’Inspection ouvrière et paysanne (Rabkrin) visait à superviser les fonctionnaires et à lutter contre la corruption.
Parmi les mesures anti-bureaucratiques figuraient la rotation des postes et le plafonnement des salaires. Lénine lui-même a refusé une augmentation de salaire pour les dirigeants, affirmant que l’égalité devait être un principe fondamental.
Aspect | Nouvelle Politique Économique (NEP) | Lutte contre la bureaucratie |
---|---|---|
Objectif | Relancer l’économie | Combattre la corruption |
Mesures clés | Retour partiel au marché | Rotation des postes, salaires plafonnés |
Impact | Apparition des « nepmen » | Création de la Rabkrin |
Léninisme vs marxisme traditionnel
Le léninisme et le marxisme traditionnel partagent des racines communes, mais divergent sur des points essentiels. Alors que Marx envisageait une révolution spontanée portée par la classe ouvrière, Lénine a insisté sur le rôle central du parti révolutionnaire. Cette divergence a profondément marqué l’histoire du socialisme.
Dans son pamphlet « Que faire ? », Lénine développe l’idée que la conscience révolutionnaire ne peut émerger spontanément. Il affirme que les masses ont besoin d’être guidées par des intellectuels formés. Cette théorie contraste avec la vision de Marx, qui croyait en un déterminisme historique où la révolution serait inévitable.
Le débat entre Lénine et Kautsky illustre bien ces divergences. Dans « La Dictature du prolétariat » (1918), Kautsky critique la vision autoritaire de Lénine. Ce dernier répond dans « La Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky », défendant sa doctrine comme une adaptation nécessaire aux réalités russes.
Un autre point de divergence réside dans la gestion des nationalités. Alors que Marx prônait un internationalisme strict, Lénine a adapté sa pensée pour répondre aux spécificités de l’Empire russe. Cette approche a permis de rallier des groupes ethniques divers, mais a aussi suscité des critiques.
Enfin, Lénine a souvent utilisé de manière sélective les écrits de Marx, comme dans sa « Critique du programme de Gotha ». Cette réinterprétation a donné un nouveau sens à la dialectique hégélienne, ouvrant la voie à des mouvements anticoloniaux inspirés par sa pensée.
Pour approfondir ces concepts, consultez notre analyse sur la philosophie marxiste.
L’évolution après la mort de Lénine
Après la mort de Lénine en 1924, l’Union soviétique entre dans une période de transformation radicale. Le pouvoir passe entre les mains de Joseph Staline, qui va profondément modifier les principes du régime. Cette période marque un tournant dans l’histoire du communisme.
La montée du stalinisme
Staline s’impose rapidement comme le successeur de Lénine. En 1924, le PCUS compte 730 000 membres. En 1933, ce nombre atteint 6,3 millions. Cette expansion massive du parti renforce le pouvoir de Staline.
Dans son « Testament » de 1923, Lénine avait mis en garde contre Staline, le qualifiant de « trop brutal ». Cependant, ce dernier parvient à s’imposer en manipulant les structures du parti. Il utilise le culte posthume de Lénine pour légitimer son autorité.
La déformation des idées léninistes
Staline transforme la pensée de Lénine en un dogme rigide. Le concept de « socialisme dans un seul pays » remplace l’internationalisme prôné par Lénine. Cette redéfinition marque une rupture avec les idéaux originaux.
Les purges des années 1930 illustrent cette dérive. Durant la Grande Terreur, 680 000 personnes sont exécutées. La NKVD, successeur de la Tchéka, devient un outil de répression massive.
Aspect | Période de Lénine | Période de Staline |
---|---|---|
Méthodes de contrôle | Tchéka | NKVD |
Idéologie | Internationalisme | Socialisme dans un seul pays |
Effectifs du parti | 730 000 membres (1924) | 6,3 millions (1933) |
Le stalinisme marque ainsi une rupture avec les principes originaux du léninisme. Cette transformation a des conséquences durables sur l’histoire de l’Union soviétique et du mouvement communiste international.
Le léninisme dans le mouvement communiste international
Le mouvement communiste international a été profondément marqué par les idées de Lénine. Après la révolution russe, ces principes se sont répandus à travers le monde, influençant des pays et des organisations révolutionnaires.
En 1935, le Komintern comptait 67 partis affiliés. Cette expansion montre l’ampleur de l’influence léniniste. Par exemple, le Parti communiste français est passé de 32 000 à 330 000 membres entre 1934 et 1937. Cette croissance reflète l’attrait des idées révolutionnaires dans un contexte de crise économique et politique.
Les débats stratégiques ont été nombreux. Faut-il privilégier un front populaire ou un front unique ouvrier ? Ces questions ont divisé les partis communistes, mais ont aussi permis d’adapter les idées léninistes aux réalités locales. Le maoïsme en Chine, le castrisme à Cuba et l’hoxhaïsme en Albanie en sont des exemples frappants.
L’Université Lénine de Moscou a joué un rôle clé dans la formation des cadres internationaux. Elle a permis de diffuser les principes du léninisme tout en tenant compte des spécificités nationales. Cependant, le centralisme imposé par Moscou a souvent créé des tensions avec les réalités locales.
Les congrès du Komintern ont établi 21 conditions d’adhésion strictes. Ces règles visaient à garantir l’unité idéologique, mais elles ont aussi limité l’autonomie des partis nationaux. Ce paradoxe entre centralisme et adaptation locale a marqué l’histoire du mouvement communiste.
L’impact du léninisme sur les décolonisations est indéniable. Au Vietnam et en Algérie, les idées révolutionnaires ont inspiré des luttes pour l’indépendance. Le « train de Lénine », transportant de l’or pour financer les révolutions européennes, symbolise cette solidarité internationale.
En somme, le léninisme a façonné le communisme mondial, mais son héritage reste complexe. Entre idéaux révolutionnaires et réalités politiques, il a laissé une empreinte durable sur l’histoire du XXᵉ siècle.
Critiques et controverses autour du léninisme
Le léninisme, bien que révolutionnaire, n’a pas échappé aux critiques et controverses. Ses idées ont souvent été jugées contradictoires avec les principes de liberté et de démocratie. Par exemple, la Terreur rouge (1918-1922) a causé environ 200 000 morts, un chiffre qui soulève des questions sur les méthodes utilisées.
Victor Serge, témoin de l’époque, a dénoncé la dégénérescence bureaucratique du régime. Dans ses écrits, il décrit comment les idéaux initiaux ont été détournés au profit d’un contrôle social accru. Rosa Luxemburg, dans « La Révolution russe » (1918), a également critiqué l’antidémocratisme structurel du modèle léniniste.
Voici quelques points clés des débats :
- Le paradoxe entre l’émancipation proclamée et le contrôle social accru.
- La comparaison avec les démocraties populaires d’Europe de l’Est.
- Les procès de Moscou comme aboutissement logique du système.
L’historiographie est divisée entre l’école totalitaire et l’école révisionniste. La première voit dans le léninisme les germes du stalinisme, tandis que la seconde insiste sur les différences entre les deux régimes. Cette controverse reste d’actualité, notamment dans les débats sur la gauche non communiste.
« La révolution ne peut se faire sans la participation active des masses. » – Rosa Luxemburg
Enfin, la question de la séparation entre Lénine et Staline continue d’alimenter les discussions. Peut-on considérer le stalinisme comme une déviation du léninisme, ou en est-il l’aboutissement logique ? Cette interrogation reste centrale pour comprendre l’héritage complexe de cette politique.
L’héritage philosophique du léninisme
L’héritage philosophique de Lénine continue d’influencer les débats intellectuels contemporains. Ses travaux, notamment ses 3 000 pages de notes sur Hegel, révèlent une pensée rigoureuse et profonde. Cette section explore deux aspects clés de sa philosophie : le matérialisme dialectique et la théorie de la connaissance.
Le matérialisme dialectique
Le matérialisme dialectique est au cœur de la théorie léniniste. Lénine a développé cette approche en s’inspirant de Marx et Hegel. Dans « Matérialisme et empiriocriticisme », il introduit le concept de « reflet », expliquant comment la connaissance reflète la réalité matérielle.
Cette analyse a influencé des penseurs comme Louis Althusser, qui a repris l’idée de rupture épistémologique. Cependant, Lénine insiste sur une continuité dans sa pensée, rejetant les interprétations trop rigides.
La théorie de la connaissance
Lénine a également critiqué l’idéalisme allemand, défendant un réalisme épistémologique. Il s’oppose notamment à Bogdanov et aux empiriocriticistes, qu’il accuse de détourner la théorie marxiste. Pour Lénine, la connaissance doit être ancrée dans la réalité matérielle.
Cette approche a marqué les sciences sociales soviétiques, notamment en linguistique et en biologie. Cependant, elle a aussi conduit à des paradoxes, comme la censure des travaux d’Einstein jugés « idéalistes ».
« La connaissance est un reflet de la réalité, mais elle doit être transformée par la pratique révolutionnaire. » – Lénine
Concept | Description | Influence |
---|---|---|
Matérialisme dialectique | Approche basée sur Marx et Hegel | Impact sur Althusser et l’École de Francfort |
Théorie de la connaissance | Critique de l’idéalisme, défense du réalisme | Influence sur les sciences soviétiques |
Concept de « reflet » | Relation entre connaissance et réalité | Base de l’épistémologie léniniste |
Pour approfondir ces concepts, consultez notre analyse sur la phénoménologie. L’héritage de Lénine reste un sujet de débat, entre dogmatisme officiel et hétérodoxies cachées.
Lénine et la question paysanne
La question paysanne a toujours été un enjeu central dans la pensée et l’action de Lénine. En 1917, avec le Décret sur la terre, il redistribue 150 millions d’hectares aux paysans, marquant un tournant dans l’histoire agraire russe. Cette mesure visait à gagner le soutien des masses rurales, qui représentaient 85% de la population en 1924.
Lénine a d’abord prôné une alliance entre la classe ouvrière et les paysans. Cependant, la Révolte de Tambov (1920-1921), où 100 000 paysans se sont insurgés, a révélé les tensions entre les idéaux révolutionnaires et les réalités rurales. Cette révolte a forcé Lénine à repenser sa politique agraire.
La Nouvelle Politique Économique (NEP), introduite en 1921, marque une évolution majeure. Lénine déclare :
« Il faut apprendre le commerce aux paysans. »
Cette approche pragmatique visait à stabiliser l’économie tout en préparant le terrain pour une collectivisation future.
Les soviets paysans et les comités de pauvres ont joué un rôle clé dans cette transition. Cependant, la collectivisation forcée a souvent heurté la mentalité traditionnelle des paysans, créant des contradictions persistantes. Ces défis rappellent ceux rencontrés par Mao en Chine, où la paysannerie a également été un pilier de la révolution.
L’impact de ces réformes sur l’agriculture soviétique a été durable. Les kolkhozes et sovkhozes, introduits sous Lénine, ont façonné le paysage rural pour des décennies. Cependant, le débat historiographique sur la continuité entre Lénine et Staline reste ouvert. Certains voient dans les réformes de Lénine les germes de la collectivisation stalinienne, tandis que d’autres soulignent leurs différences fondamentales.
Pour en savoir plus sur l’importance de la paysannerie dans les révolutions, consultez notre analyse sur Gambetta. La question paysanne, bien que complexe, reste un élément clé pour comprendre l’héritage de Lénine et son influence sur l’état soviétique.
Les textes fondateurs du léninisme
Les écrits de Lénine ont marqué une étape décisive dans l’histoire révolutionnaire. Parmi ses œuvres, deux textes se distinguent particulièrement : « Que faire ? » et « L’État et la Révolution ». Ces ouvrages ont non seulement influencé les bolcheviks, mais aussi des mouvements révolutionnaires à travers le monde.
« Que faire ? » et son impact
Publié en 1902, « Que faire ? » a été diffusé à 50 000 exemplaires clandestins. Ce texte explore la théorie du parti révolutionnaire, comparant son rôle à celui d’un état-major militaire. Lénine y développe l’idée que les masses ont besoin d’être guidées par une organisation d’élite pour atteindre la conscience révolutionnaire.
Les métaphores militaires utilisées dans ce texte ont permis de structurer la propagande bolchevique. Elles ont aussi inspiré des mouvements de guérilla en Amérique latine, montrant l’universalité de ces idées.
« L’État et la Révolution »
Écrit dans une cabane finlandaise en 1917, « L’État et la Révolution » a connu 37 éditions du vivant de Lénine. Ce texte analyse le pouvoir de l’État et prône son extinction progressive dans une société socialiste. Lénine y introduit le concept d’ »état ouvrier semi-état », une étape transitoire vers le communisme.
Ce paradoxe entre l’extinction théorique de l’État et le renforcement bureaucratique a suscité de nombreux débats. Certains y voient une préfiguration des dérives autoritaires du stalinisme.
Ces textes restent des références pour comprendre la lutte révolutionnaire. Leur actualité éditoriale, avec de nouvelles traductions commentées, témoigne de leur pertinence continue. Une anecdote amusante : le manuscrit de « L’État et la Révolution » a été perdu puis retrouvé, ajoutant une touche mystérieuse à son histoire.
Le léninisme aujourd’hui : pertinence et postérité
En 2023, le léninisme continue d’influencer des mouvements politiques à travers le monde. Avec 87 partis se réclamant du marxisme-léninisme, cette idéologie reste une force majeure dans certains pays. Par exemple, le CPI (Maoïste) en Inde et le PCF en France incarnent cette persistance.
Un sondage Ifop de 2022 révèle que 18% des Français de moins de 35 ans jugent Lénine « positif ». Cette perception montre que, malgré les années, ses idées trouvent encore un écho dans les jeunes générations.
Le léninisme connaît une résurgence dans les mouvements altermondialistes et écologistes radicaux. Ces groupes reprennent des concepts comme la lutte des classes et le rôle du parti révolutionnaire, adaptés aux enjeux actuels.
Les nouveaux médias jouent un rôle clé dans cette renaissance. Des chaînes YouTube « marxistes-léninistes » émergent, offrant une pratique moderne de la propagande révolutionnaire. Ces plateformes remplacent les « journaux ouvriers » de l’époque de Lénine.
Un débat anime les intellectuels : comment actualiser les concepts léninistes à l’ère numérique ? Certains voient dans les réseaux sociaux un outil pour organiser les masses, tandis que d’autres critiquent leur centralisation.
Un paradoxe persiste : si le léninisme est rejeté par les institutions, il influence toujours la culture. Des films, des livres et des œuvres d’art continuent de s’inspirer de ses idées.
En Espagne, Podemos et en France, La France Insoumise utilisent des éléments du discours léniniste pour mobiliser leurs bases. Ces partis montrent que le léninisme peut servir de boîte à outils conceptuelle pour les mouvements contemporains.
« Le léninisme n’est pas une relique, mais un cadre adaptable aux défis actuels. »
En somme, le léninisme reste une source d’inspiration, malgré les critiques et les transformations du monde moderne. Son héritage continue de façonner les luttes politiques et sociales.
Réflexions finales sur le léninisme et son époque
L’histoire du léninisme révèle un héritage complexe, entre idéaux révolutionnaires et réalités politiques. Ce projet émancipateur, bien que porteur d’espoirs pour la société, a souvent débouché sur des régimes autoritaires. Cette contradiction continue d’inspirer les mouvements sociaux contemporains, tout en alimentant les débats sur la démocratie et le centralisme.
Comparé à d’autres expériences, comme celles de Cuba ou du Vietnam, le léninisme montre à la fois des similitudes et des divergences. Ces comparaisons permettent de mieux comprendre les défis des révolutions à travers le temps. Lénine lui-même, dans son dernier discours, a mis en garde contre les dérives bureaucratiques, un testament politique toujours d’actualité.
Pour approfondir cette réflexion, visitez des lieux de mémoire comme la Maison Lénine à Paris. Ces espaces offrent un regard concret sur cette époque charnière. Une question demeure : que restera-t-il du léninisme au XXIIe siècle ?
Liens sources
- Léninisme
- Léninisme: Comprendre l’idéologie politique étudiante
- Lénine et le léninisme
- Alain Besançon : Les origines intellectuelles du léninisme (I)
- Alain Besançon : Les origines intellectuelles du léninisme (II)
- Les origines intellectuelles du léninisme – Babelio
- Lénine et les révolutions de 1917. Rouge sur blanc, tout fout le camp : épisode 2/4 du podcast De Vladimir Ilitch à Lénine, un destin révolutionnaire | Radio France
- 1917-1924 : Lénine, de la révolution à la terreur rouge | Lumni Enseignement
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- François Fejtö : L’héritage de Lénine
- Jean-Marc Piotte, Sur Lénine (1972).
- Lénine : 1893-1914. Construire le parti – chapitre 11 – CONTRETEMPS
- LÉNINE (1870-1924) : Le fondateur du bolchevisme
- Mieux vaut moins, mais mieux
- Sombres nuées et rouges lueurs – par Georges Gastaud
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