La scène actuelle de l’éducation en Normandie est malheureusement marquée par une tendance préoccupante et sinistre. En l’espace de seulement sept mois, neuf collègues ont mis fin à leurs jours, une situation qui jette une ombre sur le système éducatif dans cette région. Les secousses de cet événement dramatique ont fait réagir le syndicat SNES-FSU. Selon Claire-Marie Féret, secrétaire académique du syndicat, cette série de suicides est une « situation inédite ». Selon elle, tous les personnels de l’éducation sont touchés, qu’il s’agisse d’enseignants, d’AESH ou encore de membres du personnel de vie scolaire. L’ensemble des départements normands ressent inconsciemment cette pression pesante.
Les colères grondent : les causes de la crise
Il ne sert à rien de se voiler la face. Le système s’effrite, et cette série dramatique de suicides c’est bien plus qu’un simple fait divers ; c’est un cri strident d’alarme. Les conditions de travail annoncées par Claire-Marie Féret sont déplorables. Manque de personnel, postes vacants et turn-over incessant sont devenus des termes presque banals dans certaines écoles. Imaginez une classe, matinée après matinée, gérée par des intervenants différents, des élèves perdus sans repères fixes, et des enseignants marchant sur des œufs.
Les mauvaises relations entre certains professeurs, les élèves et leurs familles ajoutent une couche supplémentaire de tension. De façon aussi préoccupante, les registres Santé et Sécurité au Travail n’ont jamais été aussi saturés d’appels au secours. Comme une rivière en crue, le mal-être déborde et contamine chaque aspect de la vie scolaire.
Que fait le rectorat?
Le rectorat, lui, ne semble pas partager entièrement cette vision. S’il reconnaît la gravité de la situation, il n’en comptabilise plus que six cas et soutient que divers dispositifs de soutien ont été mis en place. Un désaccord apparent en rajoute à la confusion générale. Que faut-il croire? N’oublions pas que ceux qui travaillent dans un milieu à fleur de peau peuvent parfois se heurter à des murs infranchissables.
Six conseillers RH de proximité, un service de soutien psychologique avec la MGEN, ainsi que des ressources pour faire face aux situations à risque sont disponibles, souligne le rectorat. On pourrait se demander si ces mesures sont suffisantes ou si elles arrivent simplement trop tard. En tout cas, clamer haut et fort qu’ils ont tout préparé pour cette catastrophe n’est plus suffisant – il faut désormais passer à l’action, une action concrète et anticipée.
Le dialogue est crucial
Certaines idées circulent dans les couloirs des écoles, comme à la machine à café. La solution devrait passer par un retour au dialogue, non seulement entre les divers acteurs du milieu éducatif, mais également avec ceux qu’ils doivent guider au quotidien : les élèves et leurs familles. L’important est de construire un environnement comprenant ces pavés instables du système. Ose-t-on espérer un monde où chaque voix est entendue et prise en compte pour la formation de solutions tangibles ? Ne serait-ce pas un rêve sur lequel il faut miser ?
Souvent, les solutions naissent d’une simple conversation que l’on n’a pas osé avoir jusqu’à présent. Faut-il donc organiser davantage de rencontres, avec toutes les parties prenantes assises autour d’une table pour échanger en toute sincérité ou renforcer encore plus vigoureusement le soutien psychologique disponible? Voilà ce qui mérite réflexion.
Quelle suite ?
Le 29 janvier, une rencontre spéciale dédiée à la santé sécurité conditions de travail doit avoir lieu. Un pas vers quoi exactement ? La communauté éducative attend qu’elle ne soit pas une nouvelle réunion au bout de laquelle le silence serait le seul disciple fidèle.
Aujourd’hui, il devient impératif d’insister sur l’attention que nous portons à tous ceux qui œuvrent dans l’éducation. Chaque nouvel événement tragique nous impose cette responsabilité collective. Alors, sur ce chemin parsemé d’obstacles, il est désespérément temps de reconnecter avec une humanité trop souvent mise de côté au profit de l’efficacité supposée.
C’est une époque où les chiffres ne peuvent plus être ignorés et où les drames humains, ces histoires derrière les statistiques, ont besoin d’être mises en lumière. Car sur ce tableau noir que nous connaissons bien, n’oublions jamais qu’il reste encore de la place pour l’espoir et le changement.
