Les festivités religieuses ont souvent le chic de semer la panique dans les gestions organisationnelles, et cette année, la Tabaski n’a pas fait exception pour le ministère de l’Éducation nationale au Sénégal. Comme si dicter des directives claires était aussi difficile que de prédire le temps à Dakar, le ministère a entamé les préparatifs dans un véritable flou artistique. Parents déconcertés, écoles dans l’attente, tout ce petit monde se questionnait : à quand ces fameuses vacances ?
Les vacances de Tabaski, cette fête incontournable pour les Sénégalais, sont un véritable moment de repos et de retrouvailles familiales, et donc les précisions sur leur durée ne sont pas juste une broutille administrative. Pourtant, le ministère, d’habitude si prompt à informer, cette fois-ci, a joué à cache-cache, ne daignant pas préciser quand les établissements fermeraient leurs portes. Si ce manque flagrant de communication a généré un tollé général, les conséquences ont été plus larges. Imaginez un peu : des parents dans l’attente, un téléphone pressé contre l’oreille, harcelant les écoles à coups de « alors, ce jour férié, c’est pour bientôt ? ».
Le jeudi 5 juin se profile, l’avant-veille du jour de Tabaski pour la majorité, et c’est comme si tout le monde marchait sur des œufs. Les rumeurs courent dans les couloirs – ou plutôt, elles gigotent comme un mouton de Tabaski avant le grand jour. Les établissements, pris en sandwich entre l’attente des parents et le silence du ministère, se sont tus. Ni inspection d’académie ni inspection de l’éducation et de la formation pour donner des directives. Et devinez quoi ? Les écoles ouvrent comme si de rien n’était ! Certains enseignants ont même été cueillis à froid, se rendant à l’école un brin médias, les salles vides!
L’ironie du sort réside dans le fait que, même lorsque la décision a été prise de libérer les enfants le 5 juin, la communication ne suivait pas. Peut-être une volonté de conserver le mystère ? Quoi qu’il en soit, les parents ont pris le taureau par les cornes – ou plutôt, le mouton par les cornes – en organisant les préparatifs familiaux eux-mêmes.
Et ce n’est pas fini ! La suite a un parfum de saga interminable. Les compositions, ces examens si redoutés par les élèves du primaire, ont été programmées juste après la Tabaski, entre le 11 et le 16 juin. Une période pittoresque où les élèves auraient préféré profiter de l’insouciance des vacances plutôt que de récupérer leurs neurones dispersés après la fête. La logique voudrait que ces épreuves se tiennent avant les festivités pour permettre à tout un chacun de savourer le moment sans arrière-pensée. Mais il faut croire que parfois, le bon sens attend les vacances pour se faire entendre.
Poussé par cette imprudence organisationnelle, de nombreux parents ont dû renoncer à des déplacements familiaux. Certains, pour la première fois, auraient peut-être découvert un petit village caché où le réseau téléphonique se fait encore prier. Mais non, la nécessité de retourner en ville pour « une poignée de journées d’école » a pris le dessus. Pour ceux qui vivent loin de l’école, les trajets retour se sont mués en véritable casse-tête logistique.
Et si l’on s’attarde sur l’impact social, cette gestion maladroite ignore totalement les réalités quotidiennes de ceux qu’elle impacte le plus : élèves, enseignants, familles… Chaque année, les stratégies semblent se répéter, mais sans grande amélioration. Un enseignant, en guise d’anecdote, raconte avec amertume le vide des salles de classe la veille de la fête, comme une scène extraite d’une pièce de théâtre absurde – à la différence près que les acteurs principaux, ici, se sont évanouis dans la nature.
En définitive, cette débâcle autour de la Tabaski rappelle combien une communication efficace est un rouage indispensable pour éviter de transformer la gestion scolaire en feuilleton à rebondissements. Espérons que l’avenir réserve au ministère une meilleure capacité d’anticipation et de concertation, pour que le temps des fêtes rime enfin avec sérénité et organisation.