Au cours des deux dernières décennies, la Chine est passée du statut d’« atelier du monde » low-cost…à celui de superpuissance technologique!
Depuis son entrée dans l’OMC (2001) et l’organisation des Jeux Olympiques de 2008, les dirigeants chinois ont lancé d’ambitieux plans d’industrialisation avancée. Le plan « Made in China 2025 » (2015) visait à faire de la Chine la première en dix secteurs stratégiques (robotique, IA, aérospatial, véhicules électriques, etc.).
Le 13e plan quinquennal (2016-2020) a ainsi initié un mégaprojet quantique national de plusieurs milliards de dollars. En 2025, cet effort porte ses fruits : la Chine installe plus de 290 000 robots industriels par an, domine le solaire mondial, et mène des percées technologiques majeures. Mais cette avancée s’inscrit dans une logique géopolitique forte : Pékin vise la souveraineté technologique et cherche à façonner les nouvelles normes mondiales.
Washington tire la sonnette d’alarme. Cet article passe en revue les innovations clés de la Chine en 2025, replacées dans leur contexte historique, et analyse les enjeux géopolitiques qu’elles soulèvent.
Infrastructures monumentales
La Chine repousse les limites de l’ingénierie. En 2025, elle inaugure le pont suspendu le plus haut du monde : le pont Roang, dans le Guizhou, culminant à 625 mètres au-dessus de la vallée de la rivière Baypan. Long de 1 258 mètres, il a réduit le temps de trajet entre Liupanshui et Anshun de 4 heures à 1 heure, stimulant le tourisme régional.
À l’échelle nationale, la Chine possède 46 000 km de lignes à grande vitesse, soit 87 % du total mondial. Le barrage de Baihetan (16 GW) produit 62 TWh/an et évite 52 MtCO₂. Dans les airs, l’aéroport de Pékin-Daxing traite 75 millions de passagers/an avec un design en étoile unique.
Ports, routes, tunnels, barrages : la Chine bâtit à une échelle inégalée.
Mobilité et transports du futur
Leader des véhicules électriques (VE), la Chine détient plus de 65 % des parts de marché mondiales en 2025. BYD produit 2 millions de VE par an dans sa méga-usine de Shenzhen (130 km²), l’équivalent de San Francisco. Le pays développe aussi les taxis volants (eVTOLs), déployés à Shenzhen et Hangzhou, et des robotaxis 100 % autonomes dans les embouteillages urbains grâce à Baidu Apollo. Avec ses trains maglev à 600 km/h en test, la Chine combine innovation et gigantisme dans les mobilités.
Industrie 4.0 et automatisation
Avec des usines comme celle de Foxconn à Zhengzhou, surnommée « iPhone City », la Chine démontre sa capacité d’automatisation. En 2025, cette usine produit un smartphone par seconde grâce à une automatisation poussée (90 % des tâches robotisées). Le pays a installé près de 300 000 robots industriels en 2022, plus que tout autre pays. L’État finance la modernisation massive via des plans industriels, et le coût des machines intelligentes a chuté de 40 % en 5 ans. Ce basculement vers l’automatisation de masse fait de la Chine un pionnier de la fabrication intelligente.
Technologies numériques et intelligence artificielle
En 2025, la Chine dispose de plus de 3 millions d’antennes 5G actives et prépare la 6G pour 2030.
Les grands modèles d’IA (Ernie Bot, Tongyi Qianwen, DeepSeek) rivalisent avec ChatGPT. Dans la fabrication de puces, SMIC parvient à graver en 3 nm sans ASML, une percée stratégique. Le yuan numérique se déploie à grande échelle.
La Chine domine aussi la reconnaissance faciale, la surveillance algorithmique, et l’urbanisme intelligent. Elle ambitionne une autonomie complète sur les composants critiques d’ici 2027.
En un mot, l’IA devient l’infrastructure invisible de sa nouvelle puissance.
Énergie, climat et technologies de rupture
La Chine inaugure en 2025 la première centrale nucléaire à thorium opérationnelle (TMSR-LF1). Moins polluante, plus sûre, cette technologie pourrait révolutionner l’énergie nucléaire. En parallèle, la start-up Betavolt développe des batteries bétavoltaïques à partir de déchets nucléaires, capables de fonctionner pendant 50 ans sans recharge. Le pays a aussi lancé le plus vaste programme de reboisement au monde (70 milliards d’arbres plantés depuis 1978). L’objectif est de freiner la désertification, réduire les tempêtes de sable et verdir 15 % du nord-ouest d’ici 2030. Cette politique climatique volontariste combine efficacité technologique et stratégie géopolitique verte.
Armement, espace et souveraineté technologique
La Chine modernise son armée avec des chasseurs furtifs de 6e génération, des drones d’attaque, des armes hypersoniques (DF-17), et une flotte de porte-avions nouvelle génération. Elle a commandé un million de drones militaires et déploie 10 000 drones de secours. Dans l’espace, sa station Tiangong est opérationnelle, et la mission Chang’e-6 a ramené des échantillons de la face cachée de la Lune. Des projets de jet supersonique Mach 4 sont en développement.
Tous ces programmes renforcent son autonomie stratégique, avec un budget militaire estimé à 245 milliards de dollars en 2025.
Enjeux géopolitiques et affrontement des blocs
Cette accélération technologique alimente une rivalité de systèmes. Washington impose des embargos sur les puces, Huawei ou DJI, pendant que Pékin subventionne massivement ses champions. La Chine cherche à exporter ses normes (5G, IA, villes intelligentes) via les Nouvelles routes de la soie numériques. Le soft power technologique devient un outil d’influence. Dans un monde fragmenté, les chaînes de valeur se régionalisent, les alliances technologiques se durcissent, et les modèles numériques s’opposent (gouvernance ouverte vs contrôle centralisé). L’innovation devient une arme économique.
Conclusion
La Chine de 2025 n’est clairement plus un pays émergent : c’est un laboratoire de puissance technologique. En deux décennies seulement, elle a construit des infrastructures record, automatisé son industrie, conquis l’espace, et redéfini les frontières de l’énergie, de la mobilité, de la défense.
Cette trajectoire n’est pas qu’économique : elle redessine l’équilibre mondial. Les démocraties technologiques doivent choisir entre alignement, adaptation ou résistance. Le défi est double : coopérer pour l’innovation, sans se rendre dépendant. En 2030, l’ordre mondial sera technologique — et la Chine entend bien le façonner!