Jean de La Fontaine, né en 1621 et décédé en 1695, est un monument de la littérature française. Ce poète et fabuliste a marqué son époque avec ses 240 fables, regroupées en trois recueils publiés entre 1668 et 1694. Inspiré par Ésope et les fabulistes antiques, il a su transformer des récits simples en véritables leçons de vie.
Ses œuvres, comme Le Corbeau et le Renard ou La Cigale et la Fourmi, utilisent les animaux pour refléter les travers de la société du Grand Siècle. Ces fables, riches en poésie et en satire, se terminent souvent par une maxime morale, offrant une critique percutante tout en restant accessibles.
Élu à l’Académie française en 1684, La Fontaine a su traverser les siècles grâce à son génie. Ses fables continuent d’être enseignées dans les écoles, témoignant de leur universalité et de leur pertinence intemporelle.
Points clés à retenir
- Jean de La Fontaine est un poète et fabuliste français du XVIIe siècle.
- Il a écrit 240 fables, regroupées en trois recueils.
- Ses œuvres s’inspirent d’Ésope et des fabulistes antiques.
- Les animaux dans ses fables reflètent les défauts de la société.
- Ses fables sont encore enseignées dans les écoles françaises.
Jean de La Fontaine : un génie littéraire du Grand Siècle
Dès son plus jeune âge, Jean de La Fontaine a montré une affinité pour les lettres et la poésie. Né en 1621 dans une famille bourgeoise de Champagne, il a été bercé par les récits antiques et les textes classiques. Cette enfance entre Champagne et Paris a forgé son amour pour la littérature.
Une enfance entre Champagne et Paris
Jean de La Fontaine a grandi dans un environnement propice à l’éveil intellectuel. Son éducation chez les Oratoriens en 1641 a renforcé sa passion pour les lettres. Bien que destiné à une carrière religieuse, il a rapidement abandonné cette voie pour se consacrer à l’écriture.
En 1647, un mariage arrangé avec Marie Héricart, alors âgée de 14 ans, marque un tournant dans sa vie. Cette union, bien que peu heureuse, lui permet de s’établir socialement. En 1652, il achète la charge de maître des Eaux et Forêts, un poste qui lui laisse du temps pour écrire.
De l’Oratoire à la cour de Nicolas Fouquet
En 1658, Jean de La Fontaine devient protégé de Nicolas Fouquet, surintendant des finances de Louis XIV. Fouquet, mécène des arts, lui offre une place à la cour et lui commande des œuvres comme Le Songe de Vaux. Cette période marque le début de son ascension littéraire.
Les fastes de Vaux-le-Vicomte, résidence de Fouquet, inspirent profondément La Fontaine. Cependant, la disgrâce de son protecteur en 1661 le plonge dans une période d’incertitude. Malgré cela, il continue d’écrire, s’inspirant des auteurs antiques comme Térence et Ovide.
Ces premières œuvres, bien que discrètes, révèlent déjà son talent. L’Eunuque, publié en 1654, témoigne de son style unique et de sa maîtrise des vers. Ainsi, Jean de La Fontaine s’impose peu à peu comme une figure majeure de son époque.
La vie tumultueuse d’un fabuliste hors norme
Derrière les célèbres fables se cache une existence marquée par les revers et les scandales. Jean de La Fontaine a connu des défis financiers et personnels qui contrastent avec son héritage littéraire.
En 1672, il vend sa charge de maître des Eaux et Forêts, incapable de gérer son patrimoine. Ses dettes s’accumulent, révélant une gestion désastreuse. Pourtant, cette précarité n’entame pas sa créativité.
Sa vie conjugale est tout aussi mouvementée. Séparé de biens dès 1658, il délaisse peu à peu son épouse Marie Héricart. Leur relation, déjà fragile, se résume à des visites épisodiques à Château-Thierry.
En 1674, ses contes grivois provoquent un tollé. Accusé d’immoralité, il se réfugie sous l’aile de Marguerite de La Sablière. Cette protectrice lui offre stabilité et inspiration pendant près de 20 ans.
Malgré les polémiques, il entre à l’académie française en 1684. Une reconnaissance tardive pour cet artiste inclassable, dont les œuvres libertines contrastent avec sa conversion sur le tard.
Il s’éteint en 1695 chez le banquier d’Hervart, ironie du sort pour un homme qui a frôlé la ruine. Une fin paisible, loin des tumultes qui ont jalonné sa vie.
Découvrez comment son style audacieux a influencé le registre burlesque, un héritage souvent occulté par ses fables.
Les Fables de La Fontaine : une œuvre intemporelle
Dès 1668, un premier recueil fables marque un tournant dans la littérature française. Dédié au jeune Dauphin, alors âgé de 6 ans, il rassemble 124 récits où animaux et moralités se mêlent avec grâce. Ce travail, inspiré d’Ésope, innove par sa structure métrique variée, alternant vers libres et alexandrins.
Le premier recueil (1668) : entre tradition et innovation
La Fontaine révolutionne l’art de la fable versifiée. Ses textes, comme Le Lièvre et la Tortue, jouent sur les rythmes pour captiver. Les illustrations de François Chauveau ajoutent une dimension visuelle, rendant l’œuvre accessible aux enfants comme aux adultes.
Les dédicaces royales révèlent aussi une stratégie : critiquer le pouvoir sous forme de paraboles animalières. Une audace masquée par l’élégance des mots.
Les livres VII à XI : maturité et audace
Le deuxième recueil (1678-1679) montre une évolution. Les livres VII à XI introduisent des réflexions philosophiques, comme dans Le Savetier et le Financier. Les animaux deviennent des symboles plus complexes, reflétant les tensions sociales de l’époque.
Le livre XII : testament poétique
En 1694, le dernier recueil est dédié au duc de Bourgogne. Ce testament synthétise sa pensée humaniste, mêlant humour et gravité. La Fontaine y explore des thèmes universels : la mort, la justice, et l’ironie du destin.
Pour approfondir son approche pédagogique, découvrez comment il influence le registre didactique.
La structure unique des Fables
L’art des fables repose sur une alchimie subtile entre récit et enseignement. Derrière leur apparente simplicité se cache une forme littéraire savamment ciselée, où chaque vers sert une double intention : divertir et éclairer.
Vers libres et moralités
Le génie de La Fontaine réside dans sa maîtrise de la versification. Il mélange alexandrins solennels et octosyllabes légers, créant un rythme adapté à chaque récit. Prenez Le Laboureur et ses enfants : ses 20 vers brefs contrastent avec les 100+ vers de Le Lion et le Moucheron.
95% des fables se concluent par une moralité explicite. Parfois cruelle, souvent ironique, elle transforme une anecdote animalière en leçon universelle.
« La raison du plus fort est toujours la meilleure »
résume ainsi toute une critique sociale en une phrase.
Des animaux pour instruire les hommes
Les 78 animaux récurrents ne sont pas choisis au hasard. Chacun incarne un trait humain :
- Le renard symbolise la ruse
- Le loup représente la force brutale
- La fourmi illustre le labeur
Dans Le Loup et l’Agneau, la double moralité est frappante. Derrière la fable apprise à l’école se cache une satire des abus de pouvoir. Les hommes y reconnaissent leurs propres travers, masqués par des pelages et des crocs.
Cette structure ingénieuse permettait de contourner la censure. Sous couvert d’histoires naïves comme La Cigale et la Fourmi, le poète dénonçait les injustices sans risquer la Bastille. Un art de l’apologue qui reste d’une actualité brûlante.
Les sources d’inspiration de La Fontaine
L’univers des fables est un kaléidoscope de traditions et d’innovations. Le fabuliste a su fusionner des héritages disparates pour créer un monde où les animaux parlent aux hommes depuis trois siècles. Deux influences majeures ont façonné son œuvre : les textes antiques et les turbulences de son époque.
Ésope et les fabulistes antiques
80% des fables trouvent leurs racines chez Ésope. Mais La Fontaine ne se contente pas de copier – il réinvente. Prenez La Cigale et la Fourmi : chez Ésope, c’est une courte anecdote ; chez lui, une comédie sociale en 28 vers.
Son génie ? Transformer des récits grecs ou indiens en miroirs de la France du XVIIe siècle. Conseil tenu par les rats devient ainsi une satire de la Fronde – ces rats belliqueux symbolisent les nobles rebelles.
Source antique | Adaptation | Innovation |
---|---|---|
Ésope (Grèce) | Fables animales | Moralités politiques |
Panchatantra (Inde) | Récits enchâssés | Structure théâtrale |
Phèdre (Rome) | Versification | Métrique variée |
L’influence de la cour de Louis XIV
À Versailles, sous l’œil du Roi-Soleil, chaque animal cache un courtisan. Les Animaux malades de la peste dépeignent l’ordre absolutiste – le lion (Louis XIV) y juge ses sujets avec une ironie cruelle.
La disgrâce de Fouquet, son ancien protecteur, inspire des fables cryptées. Le chêne orgueilleux dans Le Chêne et le Roseau ? Une évocation transparente du surintendant tombé en disgrâce. La cour devient une jungle où chaque geste est codé.
« Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »
Ces influences contrastées – l’Antiquité intemporelle et les intrigues de son siècle – font des fables un chef-d’œuvre universel. Un pont entre deux mondes, où la sagesse d’Ésope rencontre les excès de la monarchie.
Relire les Fables aujourd’hui : un miroir de notre société
Trois siècles plus tard, les fables continuent de parler aux hommes avec une étonnante modernité. 97% des collèges français les étudient chaque année, preuve de leur pertinence intemporelle.
Ces récits animaliers éclairent nos défis contemporains. Le Corbeau et le Renard met en garde contre la désinformation, tandis que Le Chêne et le Roseau inspire des réflexions écologiques. Même en entreprise, leurs leçons sur le pouvoir restent citées.
L’auteur a créé un monde où chaque animal reflète nos travers. La Cigale, souvent jugée paresseuse, inspire aujourd’hui des réinterprétations féministes. Une preuve que ces textes évoluent avec leur époque.
Pour découvrir comment ces récits influencent d’autres genres, explorez le registre comique. Un héritage littéraire qui, comme les fables, traverse les âges sans prendre une ride.
Liens sources
- Les Fables (grands caractères) – La Fontaine, Jean De: 9782335006537
- 20 recueils pour découvrir la poésie
- Jean de La Fontaine
- 8 juillet 1621, naissance d’un génie littéraire : Jean de La Fontaine – Boulevard Voltaire
- Les musées incontournables | Maison du Tourisme Les Portes de la Champagne
- Les Fables de la Fontaine, l’œuvre intemporelle
- Les fables de La Fontaine : réflexions intemporelles sur la vie – Les Déchargeurs
- Les Fables de La Fontaine – Français – 6e
- Le Laboureur et ses enfants – Morale et valeurs
- Jean de La Fontaine
- Les sources antiques des fables de La Fontaine | Blog
- Aux sources de La Fontaine
- Utilisation des morales des fables selon les circonstances
- « Les Fables politiques: de l’autre côté du miroir »
- Les interprétations modernes et humoristiques des Fables et leur pédagogie