Les 7 principes neuroéducatifs de Steve Masson : Comment optimiser l’apprentissage selon les neurosciences
L’apprentissage n’est pas seulement une question de motivation ou de méthodes pédagogiques traditionnelles. Les neurosciences nous révèlent aujourd’hui que notre cerveau possède des mécanismes précis qui favorisent ou entravent l’acquisition de nouvelles connaissances. Le neurologue canadien Steve Masson a synthétisé ces découvertes en sept principes neuroéducatifs qui peuvent transformer notre approche de l’enseignement et de l’apprentissage. Examinons comment ces principes peuvent aider lycéens et parents à optimiser le processus d’apprentissage.
1. Activez les neurones liés à l’apprentissage visé
Pour que l’apprentissage se produise, il est fondamental d’activer les neurones spécifiquement associés à ce que l’on souhaite apprendre. Cette activation ciblée est la condition sine qua non pour que le cerveau modifie ses connexions neuronales et intègre de nouvelles connaissances.
Application pratique : Privilégiez les méthodes d’apprentissage actives plutôt que passives. Au lieu de simplement lire ou écouter passivement, engagez-vous dans des activités qui sollicitent directement les réseaux neuronaux concernés. Par exemple, pour apprendre une langue étrangère, pratiquez des conversations plutôt que de simplement mémoriser du vocabulaire. Minimisez également les distractions qui activeraient des neurones non pertinents pour votre objectif d’apprentissage.
2. Activez les neurones à plusieurs reprises
Une seule activation ne suffit généralement pas pour créer des changements durables dans le cerveau. La répétition est essentielle pour renforcer les connexions neuronales et consolider l’apprentissage.
Application pratique : Planifiez plusieurs sessions d’étude sur un même sujet, mais évitez les séances trop longues qui peuvent diminuer l’efficacité. Visez ce que les spécialistes appellent le « surapprentissage » : continuer à pratiquer même après avoir atteint un niveau de maîtrise initial. Cette approche réduit considérablement les risques d’oubli. Attention cependant à ne pas répéter les erreurs, car chaque répétition les renforce également dans le cerveau.
3. Entraînez la récupération en mémoire
Se tester régulièrement en essayant de se rappeler l’information est l’une des méthodes les plus efficaces pour apprendre. Ce processus active non seulement les neurones liés à l’apprentissage, mais stimule également l’hippocampe et certaines zones du cortex préfrontal, essentielles pour un encodage solide de l’information.
Application pratique : Plutôt que de relire simplement vos notes, fermez votre livre et essayez de vous souvenir activement des concepts clés. Créez des quiz personnels ou utilisez des flashcards pour tester vos connaissances. Si vous rencontrez des difficultés à vous rappeler d’une information, donnez-vous d’abord des indices avant de consulter la réponse complète.
4. Élaborez des explications
Expliquer en détail un concept ou une démarche active les neurones liés à l’apprentissage et établit des connexions avec vos connaissances préexistantes. Cette stratégie renforce les réseaux neuronaux et facilite la mémorisation à long terme.
Application pratique : Posez-vous régulièrement des questions commençant par « pourquoi » et « comment ». Pratiquez l’auto-explication en reformulant les concepts avec vos propres mots. La création de cartes mentales ou conceptuelles peut également être très efficace pour visualiser les liens entre différentes notions et intégrer de nouvelles connaissances à celles que vous possédez déjà.
5. Espacez l’activation des neurones
L’espacement des périodes d’apprentissage dans le temps est beaucoup plus efficace que de tout concentrer en une seule session. Cette méthode permet de profiter des réactivations neuronales qui se produisent durant le sommeil et laisse au cerveau le temps de renforcer ses connexions.
Application pratique : Au lieu d’étudier intensivement la veille d’un examen (ce qu’on appelle le « bachotage »), répartissez vos sessions d’étude sur plusieurs jours ou semaines. Commencez par des intervalles courts entre les révisions, puis augmentez progressivement la durée de l’espacement à mesure que votre maîtrise s’améliore. L’alternance entre différentes matières ou sujets (entrelacement) est également recommandée pour optimiser l’apprentissage.
6. Maximisez la rétroaction
La rétroaction (ou feedback) est cruciale pour guider le cerveau dans ses ajustements de connexions neuronales. Elle active les mécanismes de correction d’erreur et de renforcement, améliorant ainsi la capacité prédictive du cerveau.
Application pratique : Recherchez activement des retours sur votre travail, que ce soit auprès de professeurs, de pairs ou via des outils d’auto-évaluation. Une rétroaction idéale est immédiate, élaborée (expliquant pourquoi une réponse est correcte ou incorrecte) et axée sur la tâche plutôt que sur la personne. La rétroaction positive active le système de récompense du cerveau, tandis que la rétroaction négative, si elle est constructive, permet d’ajuster efficacement vos connaissances et stratégies.
7. Cultivez un état d’esprit dynamique
Votre croyance en votre capacité à développer vos compétences influence considérablement votre apprentissage. Un état d’esprit dynamique (ou « growth mindset ») facilite l’activation des mécanismes cérébraux de correction d’erreur et améliore la connectivité entre différentes régions du cerveau impliquées dans l’apprentissage.
Application pratique : Familiarisez-vous avec le concept de neuroplasticité : votre cerveau peut changer et s’adapter tout au long de votre vie. Comprenez que l’effort et la persévérance modifient concrètement votre cerveau. Valorisez le processus d’apprentissage et les stratégies utilisées plutôt que les résultats immédiats ou le « talent inné ». Cependant, gardez à l’esprit qu’un état d’esprit positif ne suffit pas – il doit être combiné avec les autres principes pour être véritablement efficace.
Ce qu’il faut retenir
Ces sept principes neuroéducatifs offrent une approche scientifiquement fondée pour améliorer l’apprentissage. En comprenant comment notre cerveau apprend et en appliquant ces stratégies, lycéens et parents peuvent transformer l’expérience éducative. La neuroplasticité – cette capacité du cerveau à se modifier en fonction de l’expérience – nous rappelle que nous pouvons tous progresser et développer nos capacités, quel que soit notre point de départ.
L’apprentissage efficace n’est pas une question de talent inné mais de méthodes appropriées qui respectent le fonctionnement de notre cerveau. En intégrant ces principes dans vos routines d’étude, vous optimiserez non seulement vos performances académiques mais développerez également des compétences d’apprentissage qui vous serviront tout au long de votre vie.